Le monde célèbre ce 31 octobre 2020, le 20ème anniversaire de l’adoption de la Résolution 1325. Cette résolution onusienne, adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies dans sa 4213e séance, concerne le droit des femmes, la paix et la sécurité. Elle aborde notamment le thème de la condition féminine durant le rapatriement et le déplacement de populations ainsi que celui de la rééducation et de la réinsertion des femmes et jeunes filles consécutives à un conflit armé.
Comment a-t ‘elle vu le jour ?
La Résolution 1325 a été initiée par Netumbo Nandi-Ndaitwah, alors Ministre des affaires féminines de la Namibie lors de la présidence de ce pays du Conseil de sécurité. Après le lobbying de nombreuses organisations féministes et du Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM), la résolution est adoptée à l’unanimité. C’est le premier document formel et légal issu du Conseil de sécurité qui impose aux différentes parties d’un conflit de respecter le droit des femmes et de soutenir leur participation aux négociations de paix et à la reconstruction post-conflit.
Quels objectifs poursuit-elle ?
La Résolution 1325 vise à accroître la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix. Elle appelle les États à prendre les mesures nécessaires à la protection des femmes avant, pendant et après les conflits. Elle réaffirme que le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles, et la participation des femmes sur un pied d’égalité à l’ensemble à des processus décisionnels et à tous les niveaux de responsabilité constituent à la fois des objectifs et des moyens essentiels pour prévenir les conflits, les résoudre et favoriser une culture de paix. Depuis lors, quatre autres résolutions complémentaires ont été adoptées (les Résolutions 1820, 1888, 1889 et 1960) pour redresser les lacunes qui ont été identifiées dans la Résolution 1325
Les 4 P de la Résolution
Les principaux mandats de ces résolutions sont condensés dans quatre piliers (4P) :
- Participation des Femmes aux processus de paix,
- Protection des Femmes en temps de guerre et en temps de paix,
- Prévention des conflits,
- Poursuite de ceux qui se sont rendus coupables d’actes de violence sexuelle et de violence fondée sur le Genre.
20 ans après quel bilan?
Malgré un effort international important pour la mise en œuvre des préconisations de la Résolution 1325, le niveau des violences à l’encontre des femmes, souvent instrumentalisées et systématisées, reste extrême. Dans le même temps, la participation des femmes aux processus de négociations et de consolidation de la paix ainsi qu’aux processus de justice transitionnelle, de reconstruction et de développement, reste trop faible.
Selon un rapport du Secrétaire général de l’ONU, dix ans après l’adoption de la résolution 1325 seuls 8% des négociateurs dans les zones de conflit sont des femmes. Aussi, dans son rapport publié en 2017, l’ONU affirme que très peu de postes de haut rang en tant que négociateurs sont occupés par des femmes. Un constat regrettable, d’autant plus que selon l’état des lieux de décembre 2018, 79 États ont publié des plans d’actions nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325.
Mise en œuvre de la Résolution 1325 au Togo
Le 27 octobre 2005, le Secrétaire Général des Nations Unies a appelé les pays membres à élaborer des plans d’action nationaux (PAN) de mise en œuvre de la Résolution 1325. La mise en place de ces PAN allait démontrer la volonté politique des pays concernés, et faciliteraient la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre de la Résolution, la responsabilisation des différents acteurs, ainsi que la coordination des interventions. Le Togo a répondu à l’appel du en octobre 2011 en adoptant le Plan d’Action National quinquennal de mise en œuvre de la Résolution 1325.
D’un coût estimatif de 1 449 800 000 FCFA, le PAN est un cadre et outil précieux de toutes actions de promotion et de maintien de la paix et un document est l’un des documents de référence dont dispose le Togo en matière d’implication des femmes et des jeunes dans les processus décisionnels, de gestion des conflits . Le PAN vise à :
- Accroître l’implication des femmes et des jeunes dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits et dans la consolidation de la paix au Togo
- Favoriser une meilleure implication des femmes et des jeunes dans la gestion des situations de et des jeunes dans la gestion des situations de conflits
- Accroître la participation des femmes et des jeunes à tous les niveaux de prise de décisions, spécialement dans la prévention, la résolution des conflits et la consolidation de la paix
- Promouvoir la culture de la paix à la base
WANEP-Togo et la Résolution 1325
Faisant déjà de la promotion de la paix par les femmes, une de ses activités phares, à travers son programme Femme-paix et sécurité WANEP-Togo s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs de la mise en œuvre du PAN sur la Résolution 1325 au Togo. Déjà en 2015, le réseau a organisé un atelier de formation à l’endroit des points focaux genre des ministères du Togo sur le thème « domestication des résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité des nations unies : enjeux et défis ».
Plus récemment, WANEP-Togo a organisé en septembre 2020 à Atakpamé, un atelier national de réflexion pour une meilleure implication des femmes (Civiles et FDS) dans les mécanismes locaux et nationaux de paix et de protection des droits humains. L’idée est de susciter une appropriation du Plan National du Togo relatif aux résolutions 1325 et suivantes par les femmes ciblées en vue de leur engagement dans les mécanismes locaux et nationaux de paix ainsi que de protection des droits humains en lien aux défis sociopolitiques et constitutionnels.
Difficultés rencontrées
Malgré l’implication des autorités étatiques et non-étatiques pour l’exécution du PAN, on note un certain nombre de difficultés. Dans son intervention lors de l’atelier national de réflexion pour une meilleure implication des femmes organisé par WANEP-Togo , Mme TEBIE AMOUSSOU-K. Mazalo, Directrice genre du ministère de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation, a fait cas de ces difficultés. Selon elle, il s’agit :
- du Manque d’appropriation du PAN par les acteurs
- de la Faible mobilisation des ressources financières
- du Manque de synergie dans la mise en œuvre des activités
- de la non-effectivité de la mise en place des organes de mise en œuvre et du suivi
- Du la non remontée des informations pour la capitalisation des réalisations
Perspectives
En terme de perspective, Mme TEBIE AMOUSSOU a noté qu’il faut:
- une Intensification de la vulgarisation et de la sensibilisation sur les résolutions 1325 et 1820, 2242 et 2250 et suivantes ;
- un renforcement des capacités institutionnelles, techniques et communicationnelles des différents acteurs pour une mise en œuvre effective des résolutions ;
- un renforcement du partenariat entre tous les acteurs impliqués et les PTF pour la promotion des résolutions ;
- une Formation sur la planification axée sur les résultats en tenant compte du genre.
Ensemble mettons en œuvre le Plan d’Action National sur la Résolution 1325 afin de mieux protéger les femmes et de les impliquer davantage dans le processus de consolidation de la paix dans nos communautés.